Tango par la côte en Bretagne

Isabelle Courtade, vous portez avec Christian Dréano, votre mari, le festival Tango par la Côte en Finistère depuis ses origines, comment l’aventure a-t-elle commencé ?

Oui, il s’agit bien d’une aventure qui a commencé il y a vingt ans. Nous habitions Paris et nous avions l’habitude de venir régulièrement à Roscoff pour les vacances. Nous dansions le tango, mais nous n’avions pas du tout l’intention de créer un festival. Il en existait du reste très peu : Tarbes, Toulouse, Pressac… Ça paraissait du reste impossible en Bretagne.

Un été, nous avons eu envie de nous retrouver en Bretagne et d’y inviter notre professeur, Sonia Anker, pour animer un stage de tango ouvert à quelques amis et passionnés.

Cela a été un moment très agréable. L’année suivante, nous avons recommencé avec Sonia, accompagnée de Michaël Cadiou. 25 ou 30 danseurs sont venus de Lannion en Trégor.

C’est ainsi que l’aventure a commencé. Puis on s’est pris au jeu. Tango par la côte en Bretagne a été créé l’année suivante sur la suggestion des professeurs, en coopération avec Jean-Pierre Caroff et l’association SHA de Lannion dont il fait partie, ainsi qu’avec des danseurs de Trégastel, Morlaix, Roscoff, Saint Pol de Léon, Batz.

Quelle est du reste la différence entre Tango à la mer et Tango par la côte ?

Tango à la mer est le nom de notre association, Tango par la côte celui du festival.

Jeune festival, j’imagine que vous aviez peu de moyens

En effet, nos moyens étaient réduits. Toutefois, nous avons rapidement réussi à organiser le festival simultanément dans plusieurs lieux et nous avons pu disposer de l’espace de danse du casino Tranchant.

La préparation du festival s’est faite année après année dans des conditions très simples. Nous sommes une équipe réduite. On peut dire qu’au quotidien, nous préparons le suivant tout au long de l’année sur un coin de table…

Son organisation reste à chaque saison un pari et un tour de force. Nous n’avons pas le droit à l’erreur… Durant le festival, il faut être partout à la fois. Pas le temps de danser !

Peu à peu heureusement, une équipe dévouée de bénévoles s’est agrégée autour du festival. Aujourd’hui, nous nous appuyons sur une vingtaine de bénévoles, mais il n’en a pas toujours été ainsi !

L’organisation d’un festival demande toute une palette de compétences. Comment vous y êtes-vous pris ?

Un festival, c’est avant tout un état d’esprit. Nous avons toujours été vigilants à prendre en compte les attentes du public afin qu’ils se sente ici chez lui. Pour assurer la qualité des évènements, nous avons rapidement fait appel à des professionnels. Nous avons un régisseur général, Romain Coissard ; un prestataire son et lumières, Mik Mingamm ; un graphiste pour les affiches, Jacques de Kerdrel.

Christian consacre beaucoup de temps à la recherche des financements. Les entreprises de la région nous soutiennent régulièrement. Nous entretenons aussi des liens étroits d’amitié avec tous les partenaires du Festival. C’est aussi la clef du succès !

Un festival, c’est aussi des rencontres avec les artistes

Oui, l’une de nos préoccupations, naturellement, c’est l’accueil des artistes et des musiciens. Ils n’ont pas le même rythme, les mêmes horaires que nous. Nous sommes vigilants à répondre à leurs demandes d’aménagement des scènes sur lesquelles ils se produisent. Ce n’est pas toujours facile techniquement. Il arrive qu’un musicien oublie son instrument… Ou bien c’est un bandonéon qui perdait ses boutons qu’il a fallu recoller un à un !

Mais ce sont surtout de belles rencontres. Je me souviens d’Agnès Jaoui qui séjournait à Roscoff et qui nous a fait la surprise de venir chanter un tango sur scène pour le plaisir. Je pourrais parler aussi de Sandra Messina et Ricardo Calvo qui sont des habitués du festival et qui ont beaucoup d’humour, et de tant d’autres encore…

C’est aussi son lot d’imprévus…

Certainement, le festival, c’est le stress garanti. Une année, nous avions organisé une milonga avec orchestre à Saint Pol de Léon. Comme nous sommes en Finistère, nous avions préparé des artichauts pour une centaine de personnes. Près de 200 danseurs sont venus !

Puis nous avons pensé que les gens seraient partis peu à peu au fil de la soirée. Mais pas du tout ; au petit matin, il restait encore une cinquantaine de danseurs et nous n’avions prévu que 20 croissants…. Nous avons couru à l’ouverture de la boulangerie rafler toutes les chouquettes !

Une autre fois encore, c’est un projecteur qui en chauffant a fait disjoncter l’installation !

Pour conclure, comment envisagez-vous le futur de Tango par la côte en Bretagne ?

Depuis 3 ans, nous organisons des cours. En février prochain, nous innovons avec Fest’Hiver Tango, un festival au cœur de l’hiver, où viendra Stéphane Turquito et que nous souhaitons très encuentro. Tango par la côte en Bretagne a pris forme au fil du temps grâce aux artistes et au public qui considère ce rendez-vous en Bretagne comme un incontournable. C’est toujours l’occasion de découvrir ou redécouvrir le Trégor dans les Côtes d’Armor et le pays de Léon en Finistère.

Merci à vous Isabelle et Christian . Trugarez vras ha ken ar wech all ! *

 

*Breton : Merci beaucoup et à bientôt!

Propos recueillis par Michel Bré

Christian Dréano et Isabelle Courtade
Christian Dréano et Isabelle Courtade
L'équipe de Tango à la Mer

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